Niché dans la vallée du Haut Giffre, en Haute-Savoie, le village de Sixt-Fer-à-Cheval fait partie des plus beaux villages de France. C’est à la fois son patrimoine naturel atypique et ses monuments, dont fait partie l’Abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval, qui font de ce site un lieu à découvrir. Plongez au cœur de l’Histoire de l’Abbaye, qui par bien des égards a contribué à l’essor de cette localité de montagne.
Genèse
L’abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval est une abbaye fille d’Abondance, construite au XIIème siècle, vers 1144. Ponce de Faucigny en a été le premier abbé et s’y est installé avec sa communauté de moines, sous l’égide de la règle de Saint-Augustin.
Au fil du temps, l’abbaye de Sixt s’émancipe de celle d’Abondance et étend petit à petit son influence spirituelle sur les villages alentours et plus largement dans la vallée du Giffre. L’extension de son rayonnement prend pleinement forme en 1167, lorsque l’abbaye se voit confier le culte de Samoëns.
L’accroissement de la paroisse de l’Abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval va rapidement de pair avec la prospérité. Cependant, cette dernière n’est pas « gratuite ». En effet, outre ses responsabilités religieuses, la communauté de moines augustins est profondément impliquée dans le développement du village et est connue pour avoir posé les bases de la civilisation agropastorale. Elle s’acquittait notamment de l’approvisionnement des alpagistes en contrepartie de l’auciège, une redevance féodale alpestre. Le transfert de population dans la région par l’abbaye a également joué un rôle dans le développement de ce territoire à l’environnement rude et animé par des hivers long et glacials.
Le déclin progressif de l’abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval
La prospérité de Sixt-Fer-à-Cheval laisse peu à peu place à des problématiques organisationnelles. Vers la fin du XVème siècle, l’abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval voit se succéder des abbés percevant des revenus mais ne vivant pas sur place. Cette situation n’est pas sans conséquence car en 1603, lorsque l’abbé François de Sales prend ses fonctions, un véritable laisser-aller spirituel est en cours, sans compter le délabrement des bâtiments abbatiaux. Il faudra près de 15 ans à François de Sales pour réinstaurer une certaine discipline et faire en sorte que les responsabilités religieuses de l’abbaye de Sixt-Fer-à-Cheval soit correctement honorées.
Après la Révolution française, l’abbaye de Sixt est vendue comme bien civil. Cet acte fait suite au refus des moines de signer la constitution civile. La communauté de religieux se voit donc dissoute.
Albanis Beaumont, ingénieur qui entend relancer l’activité minière sur ce territoire, acquiert une partie des bâtiments pour en faire son siège administratif. Une partie de l’abbaye se muera également en auberge jusqu’à la fin du XIXème siècle, avant de devenir un hôtel.
La renaissance de l’abbaye
Dans les années 2000, l’abbaye est rachetée par le département de Haute-Savoie qui décide de se servir des lieux pour mettre en valeur la vie alpine.
Si l’intérieur de l’abbaye n’est pas encore accessible au grand public, il est tout de même possible de découvrir l’église abbatiale ainsi que les trésors de l’abbaye, comprenant de nombreux objets remarquables.
En attendant une ouverture des bâtiments au public, les abords de l’abbaye sont régulièrement mis à l’honneur. Cela a par exemple été le cas en 2014, à l’occasion des journées du patrimoine et dans le cadre du projet européen Alcotra « PHENIX, renaissance des patrimoines ».