À quelques minutes des plages ensoleillées de la Méditerranée, la cité médiévale d’Aigues-Mortes offre un surprenant voyage dans le temps à quiconque y pénètre. 800 ans d’Histoire se dévoilent à travers ses vieilles pierres parfaitement conservées, qui connurent la grandeur et la décadence selon la volonté des Rois de France. Balade au cœur des remparts d’Aigues-Mortes, entre les tours massives et les impressionnants donjons.
En 1240, Saint Louis décide de fonder la cité d’Aigues-Mortes sur l’étendue palustre de la Camargue. La construction de la « Tour de Constance » et des 1 634 m de remparts jalonnés de 20 tours s’achève après 30 ans de labeur. Les remparts d’Aigues-Mortes servent alors à protéger la ville des intrusions extérieures, dans une cité placée stratégiquement au bord de la Méditerranée.
Grâce à cet imposant projet, Saint Louis devient le premier roi de France à disposer d’un port méditerranéen, lui permettant d’établir une relation commerciale avec l’Italie et l’Orient. La cité médiévale offre aussi l’avantage de représenter le royaume entre plusieurs territoires appartenant au Saint Empire romain germanique, à l’Angleterre et au royaume d’Aragon. Le monarque fait par la suite ériger la colossale tour du Roi ainsi qu’un imposant château, aujourd’hui détruit. Il aménagera également des canaux facilitant la liaison avec la mer, Arles et Montpellier.
Cependant, la cité forte d’Aigues-Mortes et ses remparts imposants ne connaissent qu’une apogée éphémère. Le déclin apparaît dès le XVe siècle ; le port et les canaux s’ensablent petit à petit, et le port Aigues-Mortais a bien du mal à se distinguer face à la concurrence du grand port de Marseille. En 1481, la Provence est rattachée à la France ; Marseille remplace alors Aigues-Mortes et la cité perd son intérêt stratégique pour la monarchie. Avec la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, la tour de Constance retrouve une utilité en devenant la plus grande prison protestante de France.
Malgré son rapide déclin, la cité médiévale représente toujours aujourd’hui l’un des ensembles d’architecture médiévale les mieux conservés de cette époque. Magnifié par son architecture gothique, le site allie le raffinement des voûtes d’ogives et des gargouilles ornementales à la rudesse du système défensif des courtines. Le sommet des remparts et la terrasse du donjon offrent par ailleurs un panorama exceptionnel sur la Camargue et les tables salantes alentours.
Construits de 1272 à 1300, les remparts d’Aigues-Mortes s’étendent sur 1 634 m et se dressent sur une hauteur impressionnante pour dissuader les intrus. Formant un quadrilatère presque parfait, criblée de portes, la barrière de pierre est surmontée de grandes tours parmi lesquelles la tour de Constance et la Tour des Bourguignons, au cœur d’évènements sanglants durant la guerre de 100 ans.
La tour de Villeneuve et celle de la Poudrière, parfaitement conservées, offrent aussi un bel aperçu de l’architecture et de la stratégie militaire d’antan. Classés monuments historiques depuis 1903, les remparts d’Aigues-Mortes abritent enfin une curieuse légende : celle de Lou Drapé, un cheval mythique qui faisait le tour du site chaque nuit pour recueillir les enfants égarés…
Érigée entre 1242 et 1254, cette tour d’Aigues-Mortes est l’unique élément défensif de la cité. Reliée au châtelet par un pont dormant, elle est entourée par un fossé et protégée par une première porte munie d’épais vantaux et d’une herse. Une seconde porte, une fois ouverte, permet de camoufler les escaliers menant aux étages supérieurs, tandis qu’une dernière entrée fermée par une serrure et une barre transversale finit de verrouiller l’accès.
Le rez-de-chaussée abrite la Salle des Gardes et donne accès à la réserve du sous-sol, renfermant les vivres et les munitions, voire parfois les prisonniers. Un four à pain, un puits et une statue de Saint Louis trônent au cœur de la pièce haute de 12 m. À l’étage, la Salle des Chevaliers permet d’admirer le vestibule voûté qui servit d’oratoire au monarque. Régulièrement utilisé comme prison, cet étage accueillera notamment 45 templiers et de nombreux protestants. La Plateforme supérieure, coiffée d’une toiture conique en plomb, s’avère utile pour protéger les feux de vigie et de guetteurs, puisque le bâtiment sert à la fois de phare et de tour de guet.
« Pierres angulaires » d’un site historique d’envergure, la principale tour d’Aigues-Mortes et ses remparts font partie d’un ensemble à couper le souffle. L’Église Notre-Dame des Sablons, les Couvents, la Tour Carbonnière et les richesses médiévales qui ornent chaque parcelle de la cité en font un lieu incontournable en Camargue.